Un prêtre dominicain.
Un professeur honoraire de philosophie
du droit.
Un professeur de philosophie médiévale.
Un autre professeur honoraire de philosophie,
docteur honoris causa de l’université romaine de la Sainte Croix.
Un membre de l’Académie Jean-Paul-II
pour la vie humaine et la famille.
Un autre prêtre.
Un médecin membre aussi de l’Académie Jean-Paul-II
pour la vie humaine et la famille
Un physicien.
D’autres professeurs de littérature,
de droit et de philosophie. D’autres prêtres.
Des éditeurs.
Catholiques.
Faut-il le préciser : catholiques,
apostoliques et romains.
Ils signent tous le même courrier dans
lequel ils accusent le pape François de "délit canonique d'hérésie".
*
Il appelle, il appelle.
Par contre le pape, s’il aime appeler,
il n’aime pas répondre.
Niet. Nada. Rien.
Les dubias : Silencio.
La correction filiale (‘correctio filialis’) :
Silencio.
Le témoignage de Mgr Viganò :
Silencio.
Vous dites ? – C’est vrai, vous
avez raison. Pardon. Il a répondu. Qu’il ne répondrait pas. Pas un mot. Aux
journalistes médusés, il avait rétorqué : « lisez attentivement le communiqué et faites-vous votre propre
jugement. Je ne dirai pas un mot
là-dessus. Je pense que le communiqué parle de lui-même. Et vous avez la
capacité journalistique suffisante pour tirer des conclusions. C'est un acte de
confiance. Quand on passe un peu le temps et vous avez les conclusions,
peut-être je parlerai mais j'aimerais que votre maturité professionnelle fasse
ce travail. Cela vous fera vraiment du
bien » (cf. Conférence de presse dans les airs au retour du voyage d’Irlande).
Cela doit surement continuer à faire
du bien aux journalistes, car depuis, il n’a pas rajouté un iota sur la
question.
Celui qui a ouvert la bouche, c’est un
journaliste
gay qui a confirmé avec « son » enquête la véracité des faits
cités par Viganò.
Réaction du Vatican ? Silencio.
Mgr Ricca ? Qui suis-je pour juger ? Silencio.
Mgr Zanchetta ? Silencio.
La liste des noms est longue. Les
réponses, toujours courtes. Mieux. Il n’y en a pas. Pas une ligne. Silencio.
Silence.
Le pape de la tolérance ne doit pas connaître
les limites que posait à celle-ci, Gramsci : « Quand on est convaincu que quelqu'un se trompe, que cette
personne refuse de discuter, d'apporter des preuves en alléguant que tout à
chacun a le droit de penser comme il veut - on ne peut pas être tolérant.
Liberté de pensée ne signifie pas liberté d'errer et de divaguer ».
*
D’un côté nous avons donc un pape qui
parle, mais qui ne répond pas.
De l’autre, un pape émérite qui avait indiqué
garder le silence (« Quant à moi, puissè-je
servir de tout cœur, aussi dans l’avenir, la Sainte Église de Dieu par une vie
consacrée à la prière » cf déclaratio du 11 février 2013 et « Je ne retourne pas à la vie privée, à
une vie de voyages, de rencontres, de réceptions, de conférences, etc. Je
n’abandonne pas la croix, mais je reste d’une façon nouvelle près du Seigneur
crucifié. Je ne porte plus le pouvoir de la charge pour le gouvernement de
l’Église, mais dans le service de la prière, je reste, pour ainsi dire, dans
l’enceinte de saint Pierre » cf dernière audience générale du 27 février
2013) et qui, face à la profondeur de la crise actuelle, a repris la parole
publique pour indiquer que la cause des abus sexuels était plus à trouver dans
la révolution de ‘68 que dans le cléricalisme.
Le texte de Benoit XVI avait été,
avant sa publication, adressé au cardinal Parolin et au pape François lui-même
(« après avoir contacté le secrétaire d’État, le cardinal Pietro
Parolin et le Saint-Père lui-même, il a semblé approprié de publier ce texte »).
Le pape, constant dans sa lignée, n’a
pas dit un mot sur ce texte. Continuera-t-il à voir dans son prédécesseur son « grand-père sage » ? (François
en parlant de Benoit XVI : « Pour
moi, il est le pape émérite, le grand-père sage, il est l'homme qui veille sur
mes épaules et sur ma nuque par sa prière »).
Pas certain.
Si François appréciait la prière silencieuse du pape émérite, il n’est pas sûr qu’il
aime les quatre vérités dispatchées dans son dernier texte.
*
Ceci étant, le courrier
public, cité en préambule et diffusé le 1er mai 2019, pose une
sérieuse question.
Jamais auparavant le pape n’avait été
accusé, de manière si explicite et argumentée, d’être dans l’hérésie :
« Les
catholiques auront du mal à croire que le pape est en train d’attaquer la foi,
à moins que cela soit dit de manière expresse ; et par conséquent, de simples
dénonciations abstraites risquent de servir de couverture au pape François pour
avancer et atteindre son but.
Malgré
les preuves que nous avons présentées dans cette lettre, nous reconnaissons
qu'il ne nous appartient pas de déclarer le pape coupable du délit d'hérésie
d'une manière qui aurait des conséquences canoniques pour les catholiques. Nous
en appelons donc à vous qui êtes nos pères spirituels, vicaires du Christ dans
vos propres juridictions et non pas vicaires du pontife romain, à exhorter
publiquement le pape François à abjurer les hérésies qu'il a professées.
Même
indépendamment de la question de son adhésion personnelle à ces croyances
hérétiques, le comportement du Pape à l'égard des sept propositions qui
contredisent la vérité divinement révélée, mentionnées au début de cette
Lettre, justifie l'accusation du délit d'hérésie. Il ne fait aucun doute qu'il
promeut et diffuse des opinions hérétiques sur ces points. La promotion et la
diffusion de l'hérésie constituent en soi un motif suffisant pour accuser du
délit d'hérésie. Il y a donc une raison surabondante pour que les évêques
prennent au sérieux l'accusation d'hérésie et tentent de remédier à la
situation.
Puisque le pape François a manifesté l'hérésie par ses actions aussi bien que
par ses paroles, toute abjuration doit impliquer la répudiation et l'annulation
de ces actions, y compris celles des nominations d’évêques et de cardinaux qui
ont soutenu ces hérésies par leurs paroles ou leurs actions. Une telle
admonition relève d’un devoir de charité fraternelle envers le Pape, ainsi que
d’un devoir envers l'Église. Si - ce qu’à Dieu ne plaise ! - le Pape François
ne porte pas le fruit d'un vrai repentir en réponse à ces avertissements, nous vous
demandons d'accomplir le devoir de votre office en déclarant qu'il a commis le
délit canonique d'hérésie, et qu'il doit subir les conséquences canoniques de
ce crime… ».
Les signataires d’une aussi grave
accusation ne peuvent, cette fois-ci, être déconsidérés comme étant des exaltés,
des rigoristes ou des personnes n’aimant pas l’Église.
C’est justement parce qu’ils l’aiment,
qu’ils adressent cette supplique aux évêques.
Rome devra trancher.
En ce temps pascal, sonne fort à nos
oreilles la phrase de Pilate : “Qu’est-ce que la Vérité
?”
Soit les accusations sont infondées et
alors il faudra une sanction canonique exemplaire pour les auteurs de la lettre, soit
elles ne le sont pas et alors il faudra des évêques courageux pour défendre la
Vérité.