mardi 16 avril 2019

Gethsémani


SELON MATHIEU.

Je monte vers Gethsémani
Tout au long de la nuit obscure.
La nuit est longue, la nuit dure,
O nuit, odeur de l'agonie.

Autour de moi rien ne subsiste
De tout cela que je rêvais.
Jusqu'à la mort, mon âme est triste,
Mon âme est triste, il faut veiller.

SELON MARC.

Père, est-il vrai que vienne l'aube ?
Qu'approche celui qui me livre ?
Que ce calice se dérobe !
Que le matin me laisse vivre

Mais s'il faut bien que je m'apprête,
Si nul ne peut rompre mes chaînes,
Que votre volonté soit faite,
La vôtre, Père, et non la mienne

SELON LUC.

Les miens sont endormis encor,
Accablés sous l'immense peine,
La sueur coule de mon corps,
Le sang s'écoule de mes veines.

Est-ce un Ange qui vient vers moi ?
Ses paumes sont douces et fortes,
Il rafraîchit mon désarroi,
Il me parle et me réconforte.

SELON JEAN.

Si viennent juges et vendus,
Père, je pourrai leur jurer
Que personne ne s'est perdu
De ceux qu'on m'avait confiés.

J'aurai gardé de l'aventure
Ceux-là qui ont su m'écouter.
La nuit est longue, la nuit dure,
Mais j'y maintiens cette fierté.

Si longue soit-elle et si dure,
En souvenir de l'agonie,
Seigneur, et de ta nuit obscure,
Sauve-moi de Gethsémani !




3 février 1945.
Robert BRASILLACH
POÈMES DE FRESNE

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