J’ai eu pu ces derniers jours, la grâce de pouvoir interviewer
le pape François.
Par une connaissance commune de la Curie qui, avec habilité remarquable et une haute dose de mensonge, présenta mon site comme un blog influent et de
gauche, une interview fut bouclée en deux jours.
Je me rendis donc au Vatican :
« Ne me posez pas
de questions sur la politique italienne, car je n’y comprends rien » m’avertit
le pape François dès que la porte de son bureau eut été franchie par mes soins.
Puis d’un ton qui m’a rappelé celui de mon maître d’école lorsque,
par malheur je n’avais pas fait mes devoirs, il ajouta : - Au fait, dites à Salvini qu’il n’aura ni son
audience, ni sa photo avec moi, tant qu’il
n’ouvrira pas les ports italiens aux migrants.
- Mais… Saint-Père ... vous ne veniez pas de dire ne rien
comprendre à la politique italienne ?
- Oui, mais les migrants, ce n’est pas de la politique. Le
migrant, surtout s’il est jeune, représente le nouveau paradigme de notre époque. Vous n’avez pas lu ma
dernière exhortation apostolique et post-synodale Christus Vivit ? Vous
devriez. C’est un chef d’œuvre. Une exhortation comme on n’en fait plus. A vrai
dire, je n’aime pas trop le mot « exhortation » car il est un peu
trop rigide, presque pélagien. Cela me fait penser à la tiare et aux chaussures
rouges. Que de désuétude au sein de l’Eglise. Mais, voyez-vous, même moi je ne peux
pas tout réformer. J’essaie pourtant, hélas les résistances, -ces vieux
cardinaux de malheur qui ne veulent pas trépasser-, sont solides. Mais comme le
dit mon ami Kasper, nous gagnerons à la fin, nous avons déjà gagné ! Surtout,
n’allez pas croire mes détracteurs. Je vous ai parlé de mon exhortation mais
notez bien que je n’exhorte pas, à rien du tout. J’accompagne plutôt. Comme le
pasteur qui donne à paitre à ses brebis qui sentent bon le fromage.
- Je vois…
-D’ailleurs, n’avez-vous pas écouté mes discours au Maroc ?
Quel beau pays. Ne vous laissez pas conditionner
par la peur et l’ignorance, comme le font les populistes. Attention, lorsque
je parle de populismes, je fais référence à ceux de droite. A gauche, il n’y a
jamais eu de populismes. Plutôt des peuples. Et le peuple est tout-puissant. Il
a la sagesse. D’ailleurs, je me suis fait moi-même oindre par lui le soir du 13
mars 2013. Je vous ai surpris à cette occasion, non ? Quel beau geste. Le
souverain de l’Eglise incliné devant le peuple. Notez bien, je n’ai pas dit « son »
peuple, mais « le » peuple. La différence est de taille. Il faut être
inclusif. Accueillir, protéger et promouvoir l’étranger. Bâtir des ponts et non
pas des murs. Et même bâtir des ponts sur
les ponts.
- Des ponts sur les ponts ? Êtes-vous sûr que des
ingénieurs se sont déjà penchés sur cette question technique ? Et aussi,
comment peuvent tenir leurs ponts s’ils suppriment les murs qui doivent les
porter ?
- Aucun problème. Les ingénieurs, c’est comme les théologiens.
Il faut les enfermer sur une île déserte et dans mille ans ils discuteront
encore. Ils ne comprennent rien. L’important n’est pas de bâtir, sinon de
marcher ensemble. Sur la même route. En marche ! comme le dit si bien mon
ami Emmanuel. Et aussi comme le dit ma copine Merkel, si l’Europe veut être
mère et non pas la grand-mère, elle doit accueillir. Il y a toute l'Europe pour distribuer les migrants. Souvenez-vous
de ce que je vous ai dit, ceux qui
construisent des murs terminent prisonniers de ceux-ci alors que les bâtisseurs
de ponts, ils vont de l’avant !
- A ma connaissance votre ami Emmanuel n’est pas père et Mme
Merkel, ni mère, ni grand-mère. Plutôt déroutant, non ? Ne faudrait-il pas
écouter plutôt ceux qui travaillent pour la famille comme les personnes qui se
sont réunies à Vérone ?
- Quelle horreur ! La famille j’aime bien, mais tous
ces personnes qui veulent enfermer l’Eglise
dans le passé en la sclérosant en la vieillissant, en la rendant immobile.
La santé c’est la marche. Allez, hop, prenez votre bâton et venez marcher, vers
l’avant, toujours plus haut, toujours plus loin et tous ensemble ! Car l’important
ce n’est pas l’échange, sinon la qualité de l’échange. Au Maroc j’ai pu parler
de ce qui me préoccupe le plus la paix, l’unité et la fraternité. Mais l’unité
dans la diversité, hein ? Il n’est, par exemple pas nécessaire de se
convertir si vous êtes un bon luthérien, sinon de tendre à devenir un meilleur luthérien.
On est tous croyants, la fraternité religieuse est à la portée de tous. Tel
que je l’ai dit aux quelques chrétiens qui vivent au Maroc il ne faut pas faire
de prosélytisme. A quoi bon vouloir convertir son prochain ? Arrêtez donc
de prêcher, d’évangéliser. Ça ne sert à rien. Nous avons tous le même Dieu
commun. Au lieu de cela, sortez de chez vous, allez à la rencontre des
périphéries et de leurs différences et humez, humez fort, les autres pour vous
imprégner de leurs odeurs et générer du changement.
- Vous pensez donc que François-Xavier n’aurait pas dû partir
au Japon ?
….
A ce stade, l’interview s’arrêta brutalement, car,
au nom de François-Xavier, le pape fut saisi d’une horrible colère et me hurla de sortir en me
jetant à la figure une chaussure rouge qu’il piocha dans l’un des tiroirs de
son bureau.
Lumineux! Merci, Gilles de Rais, pour cette conversation éclairante avec l'héritier de Saint Pierre. J'attends l'envoi de la seconde chaussure avec impatience!
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