mercredi 3 avril 2019

Conversations avec François (I)

J’ai eu pu ces derniers jours, la grâce de pouvoir interviewer le pape François. 

Par une connaissance commune de la Curie qui, avec habilité remarquable et une haute dose de mensonge, présenta mon site comme un blog influent et de gauche, une interview fut bouclée en deux jours.  

Je me rendis donc au Vatican :

« Ne me posez pas de questions sur la politique italienne, car je n’y comprends rien » m’avertit le pape François dès que la porte de son bureau eut été franchie par mes soins. 

Puis d’un ton qui m’a rappelé celui de mon maître d’école lorsque, par malheur je n’avais pas fait mes devoirs, il ajouta :  - Au fait, dites à Salvini qu’il n’aura ni son audience, ni sa photo avec moi, tant qu’il n’ouvrira pas les ports italiens aux migrants

- Mais… Saint-Père ... vous ne veniez pas de dire ne rien comprendre à la politique italienne ? 

- Oui, mais les migrants, ce n’est pas de la politique. Le migrant, surtout s’il est jeune, représente le nouveau paradigme de notre époque. Vous n’avez pas lu ma dernière exhortation apostolique et post-synodale Christus Vivit ? Vous devriez. C’est un chef d’œuvre. Une exhortation comme on n’en fait plus. A vrai dire, je n’aime pas trop le mot « exhortation » car il est un peu trop rigide, presque pélagien. Cela me fait penser à la tiare et aux chaussures rouges. Que de désuétude au sein de l’Eglise. Mais, voyez-vous, même moi je ne peux pas tout réformer. J’essaie pourtant, hélas les résistances, -ces vieux cardinaux de malheur qui ne veulent pas trépasser-, sont solides. Mais comme le dit mon ami Kasper, nous gagnerons à la fin, nous avons déjà gagné ! Surtout, n’allez pas croire mes détracteurs. Je vous ai parlé de mon exhortation mais notez bien que je n’exhorte pas, à rien du tout. J’accompagne plutôt. Comme le pasteur qui donne à paitre à ses brebis qui sentent bon le fromage. 

- Je vois…

-D’ailleurs, n’avez-vous pas écouté mes discours au Maroc ? Quel beau pays. Ne vous laissez pas conditionner par la peur et l’ignorance, comme le font les populistes. Attention, lorsque je parle de populismes, je fais référence à ceux de droite. A gauche, il n’y a jamais eu de populismes. Plutôt des peuples. Et le peuple est tout-puissant. Il a la sagesse. D’ailleurs, je me suis fait moi-même oindre par lui le soir du 13 mars 2013. Je vous ai surpris à cette occasion, non ? Quel beau geste. Le souverain de l’Eglise incliné devant le peuple. Notez bien, je n’ai pas dit « son » peuple, mais « le » peuple. La différence est de taille. Il faut être inclusif. Accueillir, protéger et promouvoir l’étranger. Bâtir des ponts et non pas des murs. Et même bâtir des ponts sur les ponts

- Des ponts sur les ponts ? Êtes-vous sûr que des ingénieurs se sont déjà penchés sur cette question technique ? Et aussi, comment peuvent tenir leurs ponts s’ils suppriment les murs qui doivent les porter ? 

- Aucun problème. Les ingénieurs, c’est comme les théologiens. Il faut les enfermer sur une île déserte et dans mille ans ils discuteront encore. Ils ne comprennent rien. L’important n’est pas de bâtir, sinon de marcher ensemble. Sur la même route. En marche ! comme le dit si bien mon ami Emmanuel. Et aussi comme le dit ma copine Merkel, si l’Europe veut être mère et non pas la grand-mère, elle doit accueillir. Il y a toute l'Europe pour distribuer les migrants. Souvenez-vous de ce que je vous ai dit, ceux qui construisent des murs terminent prisonniers de ceux-ci alors que les bâtisseurs de ponts, ils vont de l’avant !

- A ma connaissance votre ami Emmanuel n’est pas père et Mme Merkel, ni mère, ni grand-mère. Plutôt déroutant, non ? Ne faudrait-il pas écouter plutôt ceux qui travaillent pour la famille comme les personnes qui se sont réunies à Vérone ? 

- Quelle horreur ! La famille j’aime bien, mais tous ces personnes qui veulent enfermer l’Eglise dans le passé en la sclérosant en la vieillissant, en la rendant immobile. La santé c’est la marche. Allez, hop, prenez votre bâton et venez marcher, vers l’avant, toujours plus haut, toujours plus loin et tous ensemble ! Car l’important ce n’est pas l’échange, sinon la qualité de l’échange. Au Maroc j’ai pu parler de ce qui me préoccupe le plus la paix, l’unité et la fraternité. Mais l’unité dans la diversité, hein ? Il n’est, par exemple pas nécessaire de se convertir si vous êtes un bon luthérien, sinon de tendre à devenir un meilleur luthérien. On est tous croyants, la fraternité religieuse est à la portée de tous. Tel que je l’ai dit aux quelques chrétiens qui vivent au Maroc il ne faut pas faire de prosélytisme. A quoi bon vouloir convertir son prochain ? Arrêtez donc de prêcher, d’évangéliser. Ça ne sert à rien. Nous avons tous le même Dieu commun. Au lieu de cela, sortez de chez vous, allez à la rencontre des périphéries et de leurs différences et humez, humez fort, les autres pour vous imprégner de leurs odeurs et générer du changement

- Vous pensez donc que François-Xavier n’aurait pas dû partir au Japon ? 

….

A ce stade, l’interview s’arrêta brutalement, car, au nom de François-Xavier, le pape fut saisi d’une horrible colère et me hurla de sortir en me jetant à la figure une chaussure rouge qu’il piocha dans l’un des tiroirs de son bureau.

1 commentaire:

  1. Lumineux! Merci, Gilles de Rais, pour cette conversation éclairante avec l'héritier de Saint Pierre. J'attends l'envoi de la seconde chaussure avec impatience!

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